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La Fontaine Ronde


ou Histoire d’Eau a Vourey



Carte01

La Fontaine Ronde de M. de Tourneuf apporta un véritable progrès pour les habitants du centre du village. Il faut dire que l'eau, dans l'histoire de Vourey, fut de tous temps un sujet crucial et parfois douloureux.


Autrefois, l'alimentation en eau de la commune appartenait au seigneur. Le caractère d'utilité publique des sources n'était pas encore une notion établie juridiquement et leurs possesseurs en gardaient l'absolue propriété et la pleine jouissance. De même que l'acquisition des prés avait permis aux seigneurs d'asseoir leur autorité et leur pouvoir, d'une autre manière, la possession de l'eau était un instrument de domination.

Mais il fallait pourtant bien que les habitants disposent d'un peu d'eau pour leur usage, les besoins de leur ferme et, quelquefois malheureusement, pour éteindre les incendies. Alors, à contrecœur, le seigneur daignait leur octroyer l'usage d'une de ses sources.

Le hameau de Sanissard, cœur originel du village, reçut en 1676, du seigneur Denis de Salvaing de Boissieu, la concession d'une source pour l'établissement d'une fontaine.

Denis Salvaing de Boissieu



Mais l'accroissement de la population entraîna, peu à peu, la constitution d'un second hameau : celui du Ruisseau. L'alimentation en eau de ce nouveau hameau demeura longtemps très précaire puisqu'il n'existait, en tout et pour tout, qu'un seul puits qui servait autant pour les habitants, que pour les bestiaux.

Les habitants demandèrent alors au seigneur la concession d'une source. À force de demandes et d'interventions répétées, le comte de Vourey, François Claude de Bovier de Saint-Julien, daigna enfin autoriser la concession de l'une de ses sources pour l'établissement d'une fontaine.

François Claude de Bovier de St Julien



Le texte de cette concession démontre une nouvelle fois la position de force, presque la dictature, qu'exerçait sur le village le comte de Vourey avant la Révolution.

On demeure stupéfait devant les clauses écrasantes de ce traité qui impose toutes les obligations à la communauté et réserve tous les droits au seigneur. On note par treize fois la phrase "ladite communauté s'oblige et se soumet" et huit fois l'expression "aux fraix de la communauté". Le seigneur, très précautionneux, répète par cinq fois "sans que lesdits seigneurs ou leurs possessions puissent être tenus d'y contribuer ni directement ni indirectement".

De plus, le seigneur et le juriste font bon ménage. Tout est précisé dans les moindres détails, toutes les hypothèses sont envisagées, toutes leurs conséquences sont analysées, toutes les garanties sont prises. À la suite de ce traité, et pour en obtenir l'exécution, la communauté se pourvut, par requête, à l'intendant de la province qui commit, par ordonnance du 4 juin 1785, M. Dasse, ingénieur des Ponts et Chaussées, pour dresser les plans, devis et détails estimatifs des ouvrages prévus.

Ces opérations effectuées, par une autre ordonnance du 5 avril 1786, l'intendant homologua les plans et devis et ordonna que le tout soit lu et examiné par une assemblée des trois ordres pour être approuvé ou rejeté.

Les habitants du hameau de Sanissard, à qui cette fontaine était inutile parce qu'ils en avaient déjà une, s'opposèrent à son établissement, ne souhaitant participer en aucune manière aux frais de sa construction et de son entretien.

Fontaine et bassin de Sanissard



"Le bassin, initialement installé dans la montée de Sanissard, mais gênant pour le passage des tombereaux et des charrettes, fut déplacé en 1934 au lieu où il se trouve actuellement."

Cet obstacle stoppa le projet et les événements de la Révolution le mirent aux oubliettes pendant de nombreuses années.

La tempête révolutionnaire dissipée, la fontaine revint à l'ordre du jour le 11 décembre 1806. En effet, l'approvisionnement en eau des quartiers du Ruisseau et du Grand Chemin demeurait toujours aussi précaire. Jugeant l'opposition des habitants de Sanissard "déplacée et ridicule", le conseil chargea son maire d'entreprendre de nouvelles démarches. Mais la situation ne se débloqua pas. Le 10 février 1808, le conseil réclamait toujours au préfet l'exécution de la concession du 20 mai 1785. La même démarche fut encore entreprise le 26 juillet 1812, sans résultat.

Bien que la commune participât à l'entretien de la fontaine de Sanissard, qui venait d'être reconstruite, les habitants de ce hameau ne voulaient toujours pas participer. Découragée semble-t-il par cet obstacle, gênée par la lenteur et le poids de la tutelle administrative, la municipalité n'insista plus.

Le vieux tilleul de la place du May connut encore de paisibles saisons, sans jamais voir approcher l'ombre d'un bûcheron !

Il fallut attendre 1843 et les initiatives de M. de Tourneuf pour que le projet se concrétise enfin. A la suite des demandes répétées et insistantes des habitants, M. de Tourneuf proposa, le 15 juillet 1843, les eaux de sa source de Bois Vert pour l'établissement de fontaines dans tous les quartiers du village.

Cette généreuse proposition fut entérinée par le conseil municipal du 17 mai 1844 et aboutit à un traité entre la commune, M. de Tourneuf et le comte de Meffray, successeur du comte de Vourey.

Selon les termes de ce traité, M. de Tourneuf cédait à la commune et au comte de Meffray les deux tiers des eaux de sa fontaine de Bois Vert et se réservait l'autre tiers pour lui. Il se chargea de tous les frais des travaux nécessaires pour amener les eaux sur la place du Tilleul et finança lui-même la construction du bassin et du triomphe de la fontaine.

Ainsi, près de soixante ans après sa concession, la fontaine ronde de la place du Tilleul (puis place du May), voyait enfin le jour et son emplacement fut nommé place de la Fontaine Ronde.



L'établissement de cette fontaine fut déterminant pour les hameaux proches. Dès 1845, le hameau du Moulin put avoir, en dérivation, sa propre fontaine, et, en 1857, le Grand Chemin eut son bassin au carrefour de la route nationale, grâce au prolongement de la conduite de la Fontaine Ronde.

Bassin du Grand Chemin



Par la suite, et sous l'impulsion de M. de Tourneuf, les petites fontaines en pierre se multiplièrent dans tout le village, à la grande satisfaction des habitants dont les conditions de vie se trouvèrent grandement améliorées.

Le 8 septembre 1900, il y avait dans les différents quartiers de la commune une vingtaine de fontaines publiques. Rien qu'à Sanissard on en comptait cinq.

Ancienne Fontaine du quartier du Sabot

Lavoir du quartier Les Rivoires
(avant restauration)

Bassin des Tuilleries
(Chemin des Gallandières)



La fontaine du Grand Chemin existait déjà en 1852, mais elle fut déplacée à cette date pour rejoindre l'emplacement qu'on lui connait aujourd'hui.


Fontaine Ronde en 1958






Informations Architecturales 



Formant désormais un rond-point au sein d'une patte d'oie de routes, en cœur de village, la fontaine repose sur un socle circulaire à peine affleurant dans l'enrobé.

Le bassin rond, composé de quatre éléments, présente une base saillante et des bords droits sous une forte lèvre en boudin.

Le triomphe central, également en pierre, laisse émerger de l'eau de sa base saillante dans laquelle sont ancrées au sud deux barres de fer (section carrée) rejoignant la lèvre et destinées à poser des récipients sous le jet.

Au nord ne demeurent que les trous d'ancrage de leurs symétriques. Le triomphe forme un pilastre au corps monolithe légèrement trapézoïdal dans lequel sont placés (sud et nord) deux dauphins identiques : médaillon d'applique mouluré métallique, tuyau horizontal métallique court et large terminé en bulbe (seul celui au sud déverse).

Au sommet du corps, une ceinture métallique soutient (barres horizontales et consoles en S) deux jardinières occupant les faces sans dauphin.

Au sommet, le couronnement de pierre mouluré se rétrécit par un fort galbe pour se limiter à un petit carré autour d'un mât métallique très haut et bagué.

Celui-ci se recourbe en une volute dotée d'un support vide. La fontaine est en eau.




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