Les revoyres, le verger ou revoyre de Guigues GUIFFREY.
Il s’agit du hameau situé en haut du village après le cimetière.
Les mots de la famille rive, rivière, auxquels se rattachent les rivoires ont deux explications :
- Rivière, cours d’eau
- Rive, bord de la rivière, bord de toute espèce de choses.
C’est au sens de bord que peut se rattacher le nom des rivoires, surtout si l’on sait qu’il n’y a pas le moindre ruisseau sur cette petite bordure de coteaux.
Les mentions anciennes le verger ou la revoyre sont des pistes à ne pas négliger dans la recherche de l’explication de ce nom.
La Poyat :
Ce lieu-dit, où vous vous trouvez, se situe sur le chemin qui monte au cimetière. Ce nom vient du latin « podium » qui signifie lieu élevé.
Chantaillou :
Ce lieu, situé à proximité du cimetière actuel, était dans le passé propice aux rassemblements d’alouettes. Il signifierait donc « chantent alouettes ». A noter que le voisinage de ce lieu avec le cimetière a fait naître une expression locale qui a rapport avec la mort : « aller à Chantaillou » signifiant mourir.
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Depuis le moyen âge, ainsi qu’il était d’usage, le cimetière de Vourey se trouvait autour de l’église.
Planté de tilleuls et de buis, il fut longtemps, le lieu habituel des assemblées de la communauté villageoise.
Sa capacité permit, sans difficulté, de répondre aux besoins d’une population encore peu nombreuses jusqu’à la seconde partie du XVIIème siècle.
Déjà lors des premières assemblées de l’administration révolutionnaire, la question de son agrandissement s’était posée étant donné que la population commençait à croître fortement.
Le 24 avril 1791, le procureur de la commune, Monsieur Jean Jourdan, faisait remarquer au conseil : « Que chaque fois que l’on creuse une fosse, on est obligé de faire si près des autres, que l’on en sort très souvent des ossements qui ne sont point encore séparés les uns des autres. Que l’église étant trop petite, de même à cause de la population, on ne pourra se dispenser de la faire agrandir ce qui diminuera encore le cimetière d’autant. »
Le conseil décida alors l’acquisition d’un terrain à proximité de la cure, d’une surface de 241 toises.
Cette solution régla le problème pendant quelques décennies.
En 1834, la question ressurgit et on dut la résoudre par l’alternative suivante :
- Agrandir une nouvelle fois le cimetière.
- Trouver un terrain pour en aménager un nouveau.
C’est cette seconde solution qui fut retenue grâce à l’intervention de Louis Achille comte de Meffray, marquis de Cézarge.
Le comte de Meffray proposa, le 24 octobre 1791, un échange à la commune. Il consentait à céder un terrain pour établir un nouveau cimetière, à le faire entourer de murs et le fermer si la commune lui laissait la propriété à perpétuité de la chapelle de l’église. De plus, il acceptait de verser annuellement, au conseil une somme de 50 Francs.
La commune accepta sans hésiter et avec reconnaissance cette offre très avantageuse pour elle et l’échange fut réalisé officiellement le 29 novembre 1835.
C’est depuis cette époque que le cimetière de Vourey se trouve au sommet de la poyat, içi au lieu-dit chantaillou.
Les dates des tombes les plus anciennes de notre cimetière remontent d’ailleurs au 19ème siècle.
Son donateur, Monsieur Louis Achille de Meffray y repose dans l’ancienne partie en haut à gauche.
On peut y lire sur sa tombe :
"ICI REPOSE
Louis Achille comte de Meffray
Marquis de Sézarge
Décédé à Vourey le 21 janvier 1866
A l’âge de 84 ans
Vous qui passez, priez avec moi pour lui
Aimé de tous, il fut autour de lui
La providence pour les pauvres"
Louis Achille de Meffray était très ami avec Jean-Baptiste Félix de Bovier de Saint Julien, comte de Vourey à cette époque.
Ils servirent de modèle à Stendhal pour certains personnages de son livre « Lucien Leuwen ».
En ce qui concerne Jean- Batiste Félix de Bovier de Saint Julien il fut le modèle dans ce livre du marquis de Sanreal : « Gros, court, épais, incroyable de fatuité, et cent mille livres de rente ».
Quelques autres passages ne sont pas non plus à son avantage : « Et ce gros garçon, court et épais, qui me regarde de temps à autre d’un air supérieur et en soufflant dans ses joues comme un sanglier. Comment ! Vous ne le connaissez pas ? C’est le marquis de Sanreal, le gentilhomme le plus riche de la province. »
« Lucien n’avait d’autre consolation que d’examiner de près le Sanreal ; c’était à ses yeux le vrai type du grand propriétaire de province. Sanreal était un petit homme de trente-trois ans, avec des cheveux d’un noir sale, et d’une taille épaisse. Il affectait toutes sortes de choses, et par-dessus tout, la bonhomie et le sans-façon ; mais sans renoncer pour cela, tant s’en faut, à la finesse et à l’esprit. Ce mélange de prétentions opposées, mis en lumière par une fortune énorme pour la province et une assurance correspondante, en faisait un sot singulier. Il n’était pas précisement sans idées, mais vain et prétentieux au possible, à se faire jeter par la fenêtre, surtout quand il visait particulièrement à l’esprit. ».
Mais qui était Louis Achille de Meffray ?
Il inspira le portrait de Monsieur de Lanfort, dans le livre de Stendhal « Lucien Leuwen ».
Il était dans ce même ouvrage l’amant de la marquise de Puy-Laurens.
Sa description par Stendhal est plus flatteuse que celle de Jean-Baptiste Félix de Bovier.
« Sa personne était parfaitement agréable, son caractère doux, aimable et conciliant… Une fortune qui ne laisse rien à désirer. Il mesurait 5 pieds trois pouces (environ 1m70), avait des cheveux châtains et des yeux gris bleu ».
Stendhal dans ses notes sur ce livre écrit : « Le joli comte de Meffray ».
Sa générosité reconnue ici ne concerne pas seulement le terrain qu’il échangea pour l’établissement du nouveau cimetière, mais aussi d’autres actions en faveur de la commune et des pauvres.
En faveur de la commune, il convient de citer le traité qu’il passa avec Jules de Tourneuf pour concéder l’eau qui permit l’alimentation de la fontaine ronde. Il finança par ailleurs l’établissement du bassin et du triomphe de celle-ci ainsi qu’un lavoir à proximité sur le ri dolon, que l’on peut apercevoir sur certaines cartes postales anciennes.
Concernant les pauvres et alors que l’hiver 1847 avait été très rude, le curé de Vourey, dans une lettre adressée au journal « L’ami de la religion », écrivait : « L’honorable famille du comte de Meffray, propriétaire du château de Vourey, vient de mettre à ma disposition 2 500 kg de pain pour être distribués aux pauvres de Vourey, de telle manière que je puisse, jusqu’à la nouvelle récolte, leur en remettre 150 kg par semaine ; de plus, cette famille vient de prêter, sans intérêt, 3 000 francs à la commune pour faire venir du blé de Marseille, qu’on cédera au prix de revient aux habitants de Vourey ».
Sur les deux autres dalles-stèles du cimetère de Vourey, et à sa gauche, repose d’une part, une des sœurs Marthe Marie Joséphine décédée à Vourey le 17 août 1839 à l’âge de 59 ans, et, d’autre part, son mari Jean-Marie Constantin de Chaney, mort lui aussi à Vourey le 11 octobre 1839 à l’âge de 69 ans. Il existait peut-être autrefois les blasons des deux familles mais il ne reste aujourd’hui que celui de la famille de Chaney qui était « d’or à la bande d’azur chargée de deux étoiles d’argent accompagnée de deux casques de sable posés de profil ».
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La tombe de la famille Bonnardon :
La double concession enserrée de calcaire (sol de gravier) est dominée par deux stèles de taille voisine mais d'allure différente, adossées au mur nord du cimetière.
La stèle côté entrée repose sur une base peu élevée (bouchardée) au-dessus à trois pans, ce qui repousse à l'arrière le corps monolithe.
Celui-ci porte trois épitaphes (celle du milieu gravée dans une réserve rectangulaire à angles échancrés) et se termine en un plein cintre plus étroit du fait de la présence de rouleaux latéraux (terminés en moulures concentriques) posés sur les angles du corps.
Une autre réserve rectangulaire à angles (supérieurs) échancrés occupe l'arrondi et arbore en bas-relief une croix sur piédestal très raffinée : pied galbé, gorge soulignant le pourtour, bras terminés en boutons de pavots.
La stèle placée à l'est, beaucoup plus épaisse, est surélevée par une base haute (chanfreinée, bouchardée) qu'une série de moulures sépare du corps trapézoïdal (inscription). Des saillies de pierre sont ménagées en partie haute sur les côtés (supports pour couronnes mortuaires).
Une grosse moulure ronde (accompagnée de plus petites) enserre la partie haute sous une table saillante nue de faible hauteur. Le couronnement, fort saillant et épais, superpose moulures et sorte de linteau terminé par deux rampants faiblement inclinés convergeant vers un arc brisé central plus haut sculpté d'une croix.
Celle-ci paraît détachée du fond et traverse tout le couronnement. Sa surface à deux pans présente des terminaisons diverses (croupe au sommet du montant et pointe à sa base, traverse aux extrémités épatées) et des rinceaux (fort relief, fleurettes, feuillages, pommes de pin) s'échappent de part et d'autre.
La stèle occidentale est sans doute la plus ancienne. Son principe (avec croix sur piédestal, épitaphe toute largeur et retour à la ligne à la fin de la surface plutôt que pour des raisons de disposition esthétique) correspond bien à des pratiques courantes des années 1830-50 mais avec un traitement ici particulièrement soigné.