Immédiatement à l'arrière de l'église paroissiale dédiée à Saint Martin, la maison forte ou noble de Falcoz est établie dans la pente, soutenue par une succession de murs formant terrasses, bien exposées au sud.
L'ensemble est constitué, d'est en ouest :
- d'un jardin d'un seul tenant sur le plan cadastral de 1808, ce jardin est aujourd'hui organisé en trois terrasses longues et étroites, soutenues par des murs parallèles aux courbes de niveau. Un escalier droit dont l'ouverture est encadrée par deux massifs bas portant une boule de pierre, dessert les deux plus basses.
- d'une maison noble au plan en L, dont les deux corps de logis enserrent à leur jonction un escalier en vis dans une tour octogonale.
Les bâtiments, couverts par un enduit épais qui n'autorise aucun regard sur les maçonneries, ont connu des transformations importantes, rendant la compréhension de son évolution architecturale quasi impossible.
Tout le volume d'angle, à l'arrière de l'escalier, a été abattu au XXe siècle et certaines ouvertures déplacées, d'autres refaites à l'imitation des plus anciennes.
Quelques indices révèlent que l'ensemble est loin d'être homogène : la position de la porte de l'escalier, serrée contre le corps de logis ouest suggère que cet escalier pourrait avoir été déplacé lors d'importants travaux.
Ici un appui de fenêtre trop large, là des coussièges signalant la présence d'une fenêtre alors qu'il s'agit d'un mur de refend intérieur ou bien une évidente reprise attestant d'un état ancien de la cheminée, tous ces signes restent d'une lecture difficile.
L'aile ouest présente quelques ouvertures assez caractéristiques de la fin du Moyen Âge : fenêtres à meneaux et traverses (ou à simple traverse sur la tour d'escalier, ou à meneau simple sur la face ouest) avec appui saillant se terminant en pénétration. Les encadrements emploient en général un calcaire blanc crème, fin mais deux ouvertures sont taillées dans une molasse gris-vert (d'ailleurs abîmée) ; des motifs buticulaires ornent la base des piédroits et meneaux de ces deux fenêtres. Un motif identique se retrouve à la fenêtre qui surmonte la porte d'entrée dans l'escalier. Cette baie, dont la traverse a disparu, est un peu plus décorée : une baguette d'encadrement retombe sur deux culots sculptés de motifs végétaux.
A l'intérieur, au rez-de-chaussée, la cheminée dont la hotte repose sur deux colonnes évoque plutôt le XVIIe siècle.
Des dépendances également disposées en L, qui isolent la résidence noble de l'église paroissiale et de la route.
La partie la plus ancienne, le long de la route, présente trois travées sur voûte d'arêtes ouvertes côté cour par de grands arcs et pourrait avoir abrité une écurie et remise à voitures donnant sur la cour.
Attenante à cette première dépendance, est bâti postérieurement à 1808, un second édifice également ouvert par de grandes portes ; il prolonge le volume qui sépare les secteurs d'habitation de la voirie.
Sur la partie ancienne de ces bâtiments est encore conservée la partie d'un cadran solaire à bordure octogonale.
Cet édifice est connu pour avoir été la résidence de la famille Falcoz, petite noblesse locale qui tint le modeste poste de mistral, aux XIVe et XVe siècles.
La fonction de mistral fut établie par le dauphin au début du 12e siècle. Elle consistait à percevoir certaines redevances comme les lods et ventes, les plaids, les amendes et les condamnations.
N’ayant pas de gage fixe, le mistral prélevait pour son salaire une part de la recette qu’il effectuait, ordinairement le tiers.
Il n’est pas possible de préciser à quelle date celle-ci eut les moyens de faire construire le premier édifice. Ce sont donc les éléments visibles les plus caractéristiques de l'architecture qui permettent de proposer une datation au milieu ou à la fin du XVe siècle.
On sait cependant qu’Aymaron de Falcoz est présent à Vourey et qu’il prête hommage le 27 octobre 1317 à Guigues, seigneur de Tullins, pour la propriété de Vourey.
Une famille de Lattier occupa aussi cette maison forte, sans doute ensuite du mariage de François ou Nicolas de Falcoz, marié le 8 février 1539 avec Madeleine de Lattier.
Ce bâtiment passa ensuite à la famille de Vallin par le mariage de Pierre Alexandre de Vallin, chevalier, seigneur de Vallin-Alleman, baron de Damptézieu, Châteauvillain, St Savin, etc. marié en 1693 avec Françoise de Falcoz, dont Claude Marie, dernier représentant de la branche aînée.
Claude Marie, marquis de Vallin, vendra cette maison forte et ses terres de Vourey le 14 septembre 1764 à François Claude Bovier de St Jullien, seigneur de Vourey, et à son épouse.
Elle passa ensuite en 1832 dans la famille du comte de Meffray puis resta longtemps à l’abandon à la fin du 19e et au début du 20e siècle avant d’être acquise par la famille Blachot qui la transmit à la famille Videlier, le propriétaire actuel.
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