Martinon La Batie :
La famille Martinon a laissé son nom aujourd’hui au lieu-dit « Le château Martinon » dont il ne subsiste qu’une tour, dernier vestige de ce qui fut La Bâtie, maison forte construite entre 1303 et 1318 par Guillaume de Miribel.
La famille Martinon était originaire de Charnècles où elle a pendant presque un siècle continuellement tenu la charge de mistral de Rives, puis de châtelain ou de vi-châtelain de Rives-le-Bas et de Charnècles.
Les Martinon ont également donné des consuls à Charnècles et des procureurs et des avocats à Grenoble. C’est au milieu du 18e siècle qu’une branche de cette famille s’installa à Vourey dans la maison forte qui garda leur nom.
C’était une famille bourgeoise fortunée qui, comme beaucoup à l’époque, enviait les privilèges et prérogatives de la noblesse, sans vouloir l’affirmer ouvertement.
C’est ainsi que Raymond Martinon, percepteur, fils de Nicolas, avocat à Grenoble, s’était marié à Vourey en 1750 avec Marguerite Roman et c’est cette dernière qui lui apporta en dot « La Bâtie » que son père, Joseph, possédait en franc-fief.
Les francs-fiefs représentaient sous l’ancien régime, d’une part, des fiefs nobles possédés par des roturiers, avec concession et dispense du roi contre la règle commune qui ne permettait pas aux roturiers de posséder des fiefs et, d’autre part, la taxe qu’ils devaient payer au roi de France ou à ses fermiers pour avoir la permission de les posséder sans être nobles et donc sans pouvoir rendre les services nobles attachés au fief (notamment le service militaire).
L’hommage féodal qui était dû au suzerain ou au roi par les nobles était alors converti en simple dénombrement ou reconnaissance au roi ou à ses officiers. La taxe, qui représentait une année de revenu, devait être payée à chaque mutation de détenteur du fief et ensuite tous les vingt ans. Sous un pareil statut, Raymond Martinon ne tarda pas à adjoindre à son nom celui de La Bâtie ou Labâtie.
Son fils aîné, percepteur des contributions directes de l’arrondissement de Rives, suivit le même usage et porta le nom de Martinon La Bâtie, tout en évitant, pendant la période révolutionnaire, la particule qui l’aurait assimilé à un noble et par-là l’aurait rendu suspect.
Joseph Martinon La Bâtie fut secrétaire de la municipalité à partir de 1793, capitaine de la garde nationale du hameau de Sanissard, puis il fut maire, ou plutôt agent municipal représentant la communauté de Vourey, du 6 novembre 1795 au 26 avril 1800, lors des temporaires municipalités cantonales. Il a joué un rôle de tout premier plan au niveau municipal. Les registres des délibérations conservent la belle écriture de ses comptes-rendus qui révèlent un homme instruit, précis et minutieux.
La tâche du rédacteur de ces délibérations n’était pas simple en effet quand on sait que les conseillers municipaux s’exprimaient en patois dauphinois et qu’il avait la charge de transcrire rapidement, avec le plus de clarté possible et en français, des débats parfois tumultueux. Il s’acquitta parfaitement de sa mission.
La famille Martinon conserva La bâtie jusqu’en 1832, date où elle passa au comte Achille de Meffray.
Son petit-fils, le comte Ferdinand de Meffray de Cezarges vendra la Bâtie à Monsieur Hyppolyte Pétin le 29 janvier 1868.
plus tard, le 3 décembre 1987, messieurs Clément et Paul Blachot, achetèrent la Bâtie, mais la ruine du bâtiment était déjà très avancée.
Une opération de restauration s’avérait extrêmement difficile.
Clément Blachot décida en 1975 de sauver la tour la moins endommagée et d’abattre, la mort dans l’âme, les vestiges de ce lieu imprégné d’histoire.
En 1980 cette terre devint propriété de Madame Marie Blachot, épouse Battut et ce jusqu’en 2022.
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