Vous vous trouvez actuellement face à l’emplacement de l’ancien four banal de notre village.
Dans le système féodal français, les installations dites banales, comme le four à pain, les différents types de moulin ou les pressoirs, étaient des installations que le seigneur entretenait et mettait à disposition de tous les habitants de sa seigneurie.
En contrepartie, les habitants étaient dans l’obligation de les utiliser à l’exclusion de tout autre et moyennant une redevance payée au seigneur et fixée par lui.
Lorsqu’il existait un four banal, on ne pouvait cuire son pain ailleurs.
La raison principale en était la sécurité contre le feu, ce grand ennemi des temps passés, terrible à des villages construits en bois et n'ayant pour l'éteindre que les seaux d'eau apportés de la fontaine.
L’existence d’un four banal à Vourey est attestée dès le 24 juillet 1341 par une transaction passée entre noble Jean de Falcoz et les habitants de Vourey par laquelle le seigneur fixe le prix de la cuisson (on disait la cuite) d’un volume de pain pour chaque habitant et se réservait même, gourmandise suprême, un « gâteau à la manière accoutumée ».
Le four continua de fonctionner pendant plus de deux siècles jusqu’à ce que se posent le problème de l’adéquation des droits provenant du fournage avec le coût de la fourniture du bois nécessaire au four.
Déjà, dès 1566, il fallut réévaluer les droits fixés à 3 sols ½ par an pour toute personne de plus de dix ans à 4 sols ½.
La question se posa à nouveau en 1634 avec le seigneur président Denis de Salvaing de Boissieu et la communauté fut condamnée à une nouvelle augmentation fixée à 6 sols annuellement pour tout habitant de plus de sept ans.
La transaction qui s’ensuivit régla la question pendant plus d’un siècle jusqu’à ce qu’elle se pose à nouveau, mais de façon inverse, en 1756 avec le nouveau seigneur acquéreur de la terre de Vourey Monsieur Jean-Baptiste Pavée.
Avec les évolutions économiques, le nouveau seigneur ne tenait plus trop à ce four dont la dépense excédait ses recettes. C’est la communauté alors qui en revendiqua l’usage et son entretien par le seigneur.
Ce nouveau contentieux fut réglé dix ans plus tard par une transaction du 22 février 1766. L’affaire nous apprend, qu’en août 1761, il se faisait neuf fournées quotidiennement qui entrainaient l’énorme consommation de 312 fagots.
L’usage du four banal continua jusqu’à la révolution qui abolit les droits seigneuriaux. Peu à peu les particuliers construisirent de petits fours à pain pour leur usage et le vieux four banal dépérit. La commune en avait hérité au titre de la vente des biens nationaux et elle en fit échange le 30 novembre 1824 avec Jean-Baptiste Félix de Bovier de St Jullien, ancien maire de Vourey.
La croix que vous pouvez voir était dénommée à l’époque la croix du four.
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